Le bûcher des vanités by Tom Wolfe

Le bûcher des vanités by Tom Wolfe

Auteur:Tom Wolfe [Wolfe,Tom]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2865831027
Éditeur: Sylvie Messinger
Publié: 1987-12-31T16:00:00+00:00


La salle à manger des Bavardage avait été peinte de tant de couches de laque abricot brûlé, quatorze en tout, que les murs avaient la brillance glacée d’un étang reflétant un feu de camp la nuit. La pièce était un triomphe de réflexions nocturnes, une des nombreuses victoires de Ronald Vine, dont le point fort était la création de reflets sans utiliser de miroirs. L’indigestion de miroirs était considérée désormais comme un des péchés capitaux des années 70. Donc, au début des années 80, de Park Avenue à la Cinquième, de la 62ème Rue à la 96ème s’était élevé le craquement hideux d’hectares de miroirs d’un prix ahurissant arrachés des murs de ces grands appartements. Non, dans la salle à manger des Bavardage, les yeux de tout un chacun erraient dans un cosmos de miroitements, de scintillements, d’étincelles, de rehauts, de chatoiements, d’étangs luisants et de lueurs fières qui avaient été créés de manière bien plus subtile en utilisant laques, petits carreaux brillants en étroites bandes juste sous les corniches du plafond, meubles dorés Regency, candélabres d’argent, coupes de cristal, vases Tiffany, et couverts d’argent ouvragés, si lourds que les couteaux pesaient entre vos doigts comme des poignées de sabre.

Les deux douzaines de dîneurs étaient assis autour de deux tables rondes Regency. La table de banquet, le genre de piste d’atterrissage Sheraton qui pouvait accueillir vingt-quatre convives si vous mettiez toutes les rallonges, avait disparu des salles à manger les plus smart. Il ne fallait pas être si formel, voir si grand. Deux tables plus petites étaient beaucoup mieux. Quelle importance si ces deux petites tables étaient entourées et parées d’un entassement d’objets *, de tissus et de bibelots * si luxuriants qu’ils auraient fait cligner les yeux au roi Soleil ? Des hôtesses comme Inez Bavardage étaient fières de leur don pour l’informel et l’intime.

Pour souligner l’informel de l’occasion, on avait placé, au milieu de chaque table, au plus profond de la forêt de cristal et d’argent, une corbeille tressée de pieds de vigne dans un style rustique à la manière de l’artisanat des Appalaches. Enrubannées autour des pieds de vigne, à l’extérieur des corbeilles, une profusion de fleurs sauvages. Au centre de la corbeille étaient massées trois ou quatre douzaines de pavots. Ce centre de table en faux naïf * était la marque de fabrique de Huck Thigg, le jeune fleuriste, qui présenterait aux Bavardage une note de 3 300 $ pour ce seul dîner.

Sherman contemplait ces vignes vernies. Elles ressemblaient à quelque chose que Gretel ou la petite Suisse Heidi aurait oublié dans une fête de Lucullus. Il soupira. Tout était… trop. Maria était assise à côté de lui, à sa droite, débitant des banalités à l’Anglais cadavérique, comment s’appelait-il déjà, qui était sur sa droite. Judy était à l’autre table – mais avait une vue directe sur lui et Maria. Il fallait qu’il parle à Maria de l’interrogatoire des deux inspecteurs – mais comment pouvait-il le faire quand Judy les avait dans sa mire ? Il se collerait un sourire innocent sur la figure.



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